"D'autres fois, ils n'en pouvaient plus. Ils voulaient se battre et vaincre. Mais comment lutter? Contre qui? Contre quoi? Ils vivaient dans un monde étrange et chatoyant, l'univers miroitant de la civilisation mercantile, les prisons de l'abondance, les pièges fascinants du bonheur.
Où étaient les dangers? Où étaient les menaces ? Des millions d'hommes, jadis, se sont battus, et même se battent encore, pour du pain. Jérôme et Sylvie ne croyaient guère que l'on pût se battre pour des divans Chesterfield".
A travers ce cours extrait, le ton du roman est donné. Un jeune couple qui confond richesse et quête du bonheur; la publicité, les étalages nous envahissent, nous polluent même et entretiennent une frénésie, un vertige, et nous ne pouvons détourner le regard, parce que l'idée se glisse insidieusement dans notre esprit, que pour être heureux il faut "posséder, avoir". Que faire face à ce vertige ? Georges Perec pose la question et se garde de donner des réponses. il ouvre avec talent les champs de notre réflexion. La littérature,mais également le cinéma et le théâtre, ne sont pas que des objets de divertissement; ils nous tendent un miroir et ouvrent nos consciences.
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