Après l'immense succès de GET OUT en 2017, l'Américain Jordan PEELE revient avec US un film d'horreur qu'il a écrit, produit et réalisé; en salles depuis le 20 mars.
Synopsis :
De retour dans sa maison d’enfance, à Santa Cruz sur la côte Californienne, Adelaïde Wilson a décidé de passer des vacances de rêves avec son mari Gabe et leurs deux enfants : Zora et Jason. Un traumatisme aussi mystérieux qu’irrésolu refait surface suite à une série d’étranges coïncidences qui déclenchent la paranoïa de cette mère de famille de plus en plus persuadée qu’un terrible malheur va s’abattre sur ceux qu’elle aime. Après une journée tendue à la plage avec leurs amis les Tyler, les Wilson rentrent enfin à la maison où ils découvrent quatre personnes se tenant la main dans leur allée. Ils vont alors affronter le plus terrifiant et inattendu des adversaires : leurs propres doubles.
Quand un réalisateur fait une entrée remarquée et saluée dans le monde du septième art, il est de coutume de l'attendre au tournant à la sortie de son second opus. Jordan PEELE, plutôt connu dans le milieu de la comédie aux Etats-Unis, a brillamment intégré le cercle des réalisateurs de genre horrifique. Je n'ai pas spécialement partagé l'enthousiasme extatique suscité par GET OUT; il reste néanmoins un long métrage intéressant questionnant le racisme latent de l'Amérique de manière assez claire et directe.
US, qui de prime abord se traduit par "nous", peut aussi être compris comme "United States" et d'ailleurs une scène au début m'a interpellée lorsque le double maléfique de la mère de famille se présente en disant "on est des américains"! premier élément intriguant du déroulement de l'histoire qui a déclenché ma tendance névrotique à intellectualiser et à tout de suite chercher le sens, le sous-texte, les références, etc. Autant dire qu'au lieu de me laisser porter par l'histoire, je me suis remuer les méninges pendant près de deux heures.
Beaucoup de cinéphiles critiquent le twist final qui semble, selon eux, donner une solution trop explicite sur les raisons de l'apparition de ces antagonistes. A mon sens, il fallait apporter un éclaircissement à cette situation afin de saisir les véritables raisons d'être de ces êtres maléfiques. Beaucoup d'éléments n'échapperont pas aux cinéphiles amateurs du genre horrifique. Le questionnement qui constitue le cheminement vers la vérité nous laisse entrevoir l'issue et il ne me semble pas inutile que le réalisateur nous donne la clé de compréhension...même si certains préféreraient une fin à libre interprétation. Je peux concevoir que pour les cinéphiles avisés le plaisir est quasiment rompu quand les ficelles de l'intrigue sont trop grosses mais que cela passerait inaperçu pour un spectateur lambda; passons sur cet aspect qui peut paraître anecdotique face à la grande maîtrise de la mise en scène, le travail sur le son, les couleurs, la luminosité et le formidable jeu des acteurs. En revanche j'aurais quelques réserves à formuler sur le fond. La multiplication des références à des films ou à des séries B est beaucoup trop perceptible et n'apporte aucun intérêt à l'histoire si ce n'est pour marquer encore plus l'étrangeté et nous brouiller l'esprit. En effet, j'ai relevé des références évidentes à "les dents de la mer 1", "la quatrième dimension", "funny games" de Haneke, le plan de début avec les lapins qui m'a fait penser à Kubrick; Jordan Peele veut-il donner une caution intellectuelle à son cinéma? Ensuite ma deuxième remarque concerne les nombreux niveaux de lecture qui émergent dans notre esprit et qui finissent dans une espèce de pot pourri dont on ne sait plus quoi penser et qui frôle le manque de saveur. Mais après tout l'intérêt ou la grandeur de l'oeuvre ne résiderait-elle pas dans les multiples sens que chacun peut y mettre ? Le propos reste néanmoins à mon sens éminemment politique et l'ambiance créée, notamment dans la première heure du métrage est magistrale.
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