Rien où poser sa tête, Françoise FRENKEL, éd. Gallimard l'arbalète, 2015.
Quel itinéraire que celui de cette inconnue dont on ne connaîtra sans doute jamais le visage; mais finalement est-ce bien nécessaire? Comme le souligne Patrick Modiano dans la préface de ce livre " je préfère ne pas connaître le visage de Françoise Frenkel, ni les péripéties de sa vie après la guerre, ni la date de sa mort. Ainsi son livre demeurera toujours pour moi la lettre d'une inconnue, oubliée poste restante depuis une éternité et que vous recevez par erreur, semble-t-il, mais qui vous était destinée...c'était aussi entendre la voix d'une personne dont on ne distingue pas le visage...et qui vous raconte un épisode de son existence...".
Françoise Frenkel (1889-1975) fonde la première librairie française à Berlin en 1921, dont elle s'occupe avec son mari Simon Rachenstein. En 1933, face à la montée du nazisme, ce dernier quittera l'Allemagne pour la France. Désormais Françoise assumera seule la responsabilité de la libraire jusqu'en 1939, date à laquelle elle quittera à son tour Berlin pour Paris. Un long périple s'ensuivit pour rejoindre la Suisse. Son témoignage met en évidence le courage, la solidarité que Françoise a trouvé sur son chemin. Elle raconte son quotidien et observe les changements liés à l'état de guerre faits de dénonciation, de menace, de méfiance, de peur, de privation, de censure, etc.
Amoureuse de la langue et de la culture française, l'écriture de l'auteure est très agréable et imprégnée de cet amour.
Ce témoignage est nécessaire pour comprendre la grande histoire à travers les petites vies.
Une question reste en suspens : pourquoi à aucun moment de son récit elle ne parle de son mari après son départ?
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