Un film de Philippe de Broca (2004), adapté du roman autobiographique de Hervé Bazin, 1947.
« Les plus sincères amitiés, les bonnes volontés, les tendresses à venir, je les soupçonnerai, je les découragerai […] J’entre à peine dans la vie et grâce à toi, je ne crois plus en rien, ni en personne… L’homme doit vivre seul, aimer c’est s’abdiquer. Haïr c’est s’affirmer […] Je suis, je vis, j’attaque, je détruis », extrait du roman.
« Les plus sincères amitiés, les bonnes volontés, les tendresses à venir, je les soupçonnerai, je les découragerai […] J’entre à peine dans la vie et grâce à toi, je ne crois plus en rien, ni en personne… L’homme doit vivre seul, aimer c’est s’abdiquer. Haïr c’est s’affirmer […] Je suis, je vis, j’attaque, je détruis », extrait du roman.
Parce que le froid sibérien n'encourage pas à sortir, il est possible de passer un bel après-midi devant un bon film, qui plus est choisi par les enfants. Fidèle à mon objectif de leur transmettre une culture cinématographique riche et variée, le chemin vers la littérature peut aussi passer par le visionnage d'une oeuvre adaptée sur grand écran, qui oblige au questionnement compte-tenu du sujet et des jeunes protagonistes...sans compter le plaisir qu'on tire à travers l'identification à des personnages ou du moins au viatique que constitue l'art, le cinéma, la littérature.
Aborder ce roman de Hervé Bazin c'est inévitablement évoquer la maltraitance dont il a été victime de la part de sa propre mère ou anti-mère devrait-on dire.
Dans cette histoire, l'auteur nous narre le combat impitoyable que son personnage Jean Rézeau livre contre sa mère "folcoche". Nous devinons évidemment l'auteur derrière le narrateur.
Ce roman nous offre une fine observation psychologique de la violence intra familiale et met en exergue ce que peut être la résilience après la blessure subie ainsi que la stratégie de survie pendant l'épreuve. Quel homme ou quelle femme peut-on devenir après une telle enfance? Hervé Bazin est le porte-parole de toute une génération d'enfants maltraités et ose dire qu'une mère peut ne pas être sacrée ou bienveillante.
Le film présente de vraies qualités notamment dans la restitution de la campagne dans laquelle a grandi l'auteur et des moeurs de son époque où la vraie bourgeoisie déléguait son rôle dans l'éducation des enfants, où l'on pouvait punir ses enfants en les privant de repas mais aussi de "lecture" (oui cette punition a fait rire mon aîné!!).
Même si je trouve par moment que Catherine Frot dans le rôle de la mère maltraitante surjoue, cela est anecdotique et n'enlève rien à la force de la confrontation entre elle et son fils "brasse-bouillon" (Jules Sitruk) , le double de Hervé Bazin. Ce dernier va devenir ouvertement le rival de sa mère, aussi pervers et calculateur qu'elle dans le but de la confondre, envisageant même de la tuer pour obtenir la fin de son calvaire à lui et à ses frères avec qui elle semblait néanmoins faire preuve de moins de dureté dans le film. Ce qui amènera folcoche à dire, à part soi, à propos de son cadet : "quels qualités et défauts ne tiens-tu pas de moi?".
Je dois quand même reconnaître que le film prend le parti d'édulcorer ou du moins ne relate pas toutes les cruautés de la mère.
Je dois quand même reconnaître que le film prend le parti d'édulcorer ou du moins ne relate pas toutes les cruautés de la mère.
Malgré le tragique de la situation, dans ce film on rit, mais on peut aussi voir quelques larmes poindre sur la fin; Hervé Bazin écrit son récit pour se dégager du traumatisme d'une enfance violentée, mais semble malgré tout reconnaître qu'il a réussi à conquérir une dignité en devenant un écrivain reconnu et respecté. Le doit-il à sa mère?
Chacun sera libre de l'interpréter comme il l'entend.
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