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"L'héroïsme est un luxe qui n'est pas à la portée des faibles et des gens de petite foi" *


Pour commencer, je tiens à préciser que ce blog n'a jamais eu pour vocation de donner dans les faits divers, mais à parler du beau, du puissant, de l'inattendu et ce au détour d'un roman, d'une pièce de théâtre, d'une toile ou d'un film. Pourtant aujourd'hui c'est d'un fait dont je veux parler, autour duquel le plus beau et le plus laid de la nature humaine se sont téléscopés. Le plus beau étant évidemment le sauvetage spectaculaire de ce petit garçon par Mamoudou Gassama, 22 ans, sans-papiers, arrivé péniblement du Mali il y a quelques mois et devenu un "vrai" super-héros!

Dernièrement, j'écoutais sur France inter Belinda Canonne parler d'émerveillement. Parfois un rien peut nous émerveiller. Aussi j'ai réfléchi à ce qui pourrait être source d'émerveillement dans notre quotidien parfois routinier où l'agitation, la pollution, le zapping d'une société où tout doit aller vite, changer, être remplacé, consommé et JETÉ. Et soudain arrivent sur nos écrans ces images à couper le souffle, d'un jeune homme, Mamoudou Gassama qui escalade spontanément, la façade d'un immeuble du XVIII ème arrondissement de Paris pour sauver d'une mort certaine un enfant de 4 ans suspendu à la balustrade de son balcon au quatrième étage. 4 ans, l'âge d'un de mes enfants; la force de ses petits doigts qui s'accrochaient et qui étaient prêts à céder m'a bouleversée.

Mais contre toute attente, parmi les témoignages d'admiration s'immisce un langage haineux qui cherche à atténuer cet acte valeureux et courageux ! La plèbe préfère donc se pâmer devant les cervelles sans consistance de pseudo-stars de la télé-réalité et ne parvient même plus à s'émerveiller face aux images de l'acte de bravoure d'une très grande rareté, qui nous rend à notre humilité. Au lieu de cette admiration qui aurait dû être unanime, nous pouvons lire ici et là des propos abjects, qui dénigrent d'une façon avilissante ce jeune homme! la stigmatisation du migrant est tenace, conséquence d'une montée fulgurante ces dernières années des idées nauséabondes des extrémistes dans notre société; l'idéologie s'enracine et s'étend laissant tout loisirs à des gens répugnants d'exprimer leur racisme et leur xénophobie d'une façon totalement décomplexée. 

Quand la France est incapable d'ouvrir décemment ses portes à quelques centaines de réfugiés et migrants, d'autres pays comme l'Allemagne, la Tunisie ou le Liban pour ne citer qu'eux en ont accueilli des millions. De telles valeurs humaines d'altruisme et de dépassement de soi sont ici portées haut par un sans-papiers, et sans faire de la récupération politique, cela méritait bien un geste fort de la part de notre Président; il faut admettre que ces derniers temps ceux qui sont arrivés ici au péril de leurs vies sont accablés de tous les maux.

Je me dois d'épingler les pseudos journalistes en herbe et objecteurs de consciences qui pullulent, suent la banalité factuelle et qui réagissent sur tout et n'importe quoi, que ce soit sur les réseaux sociaux ou en commentaires des journaux en ligne en s'arrogeant le droit de prendre une parole aussi vide que ce qui leur tient lieu de cerveau! Le journalisme d'analyse n'existe plus, désormais il faut composer avec les réactions et commentaires aussi inutiles qu'inintéressants de citoyens lambdas...je les rejette et ne leur accorde aucun intérêt. D'ailleurs j'invite tout un chacun à faire de même ; ils n'ont d'autre vocation que celle de nuire et de déverser la haine qui masque la vacuité de leur être. 

J'enrage de plus en plus quand je vois l'inconsistance et la perfidie qui nous entourent. Quand le gendarme Arnaud Beltrame, en mars dernier, a donné sa vie en se substituant à une otage dans l'attaque terroriste à Trèbes, son acte a été salué unanimement, à juste titre, et il a été élevé au grade de colonel à titre posthume; j'ai moi-même assisté à une cérémonie en hommage à A. Beltrame. Nous ne pouvons que nous incliner et admirer son héroïsme!
Aujourd'hui, on trouve matière à dénigrer ce jeune homme et certains osent dire que lui octroyer la nationalité est disproportionné! car qu'est-ce qui fait d'un homme un être exceptionnel, un héros? j'invite tout un chacun si peu doué de sensibilité soit-il et de bon sens à (re)visionner la vidéo de son exploit et à concevoir que l'homme noir, l'africain Mamoudou Gassama qui ne maîtrise par le français, arrivé depuis peu en France, logeant dans un foyer, à la situation irrégulière et n'écoutant que son coeur a accompli en quelques secondes ce que d'aucun ne pourra vraisemblablement jamais accomplir...sauver une vie au péril de la sienne. À acte exceptionnel, récompense à la hauteur de la prouesse réalisée. N'en déplaise aux esprits vils, une procédure ad hoc peut être enclenchée, conformément aux dispositions en vigueur en France. Mamoudou Gassama mérite respect, honneur et récompense, un point c'est tout.

Dans son acte tout y est, le courage, le dévouement, l'oubli de soi, la bravoure, l'humanisme, les forces physiques décuplées face à un danger, il a surmonté sa peur pour atteindre son but avec une détermination sans faille...et parce que c'est un jeune malien en situation irrégulière, il faudrait modérer son enthousiasme! Quand d'autres auraient tenté de se servir de matériels, quand les secondes étaient comptées avant l'arrivée des pompiers,  c'est la force de ses bras, son agilité et sa grande maîtrise qui l'ont hissé jusqu'à cet enfant à bout de force. À tous les détracteurs, épargnez-nous votre bassesse, ravalez votre racisme primaire ainsi que votre faiblesse mentale et étouffez vous avec! le monde ne s'en portera que mieux !

Si la plèbe ne veut pas reconnaître sans réserve l'héroïsme de cet homme, nos dirigeants ont eu l'élégance de lui accorder séance tenante, la considération qu'il mérite. La patrie lui est reconnaissante.

"Rien ne fait ondoyer le désert monotone de l'imbécillité" (Cioran) , pas même la grâce et la bonté incarnées par Mamoudou Gassama. Osons espérer que son geste héroïque contribuera à changer le regard de l'opinion publique française sur les migrants. 

Je ne peux décemment pas terminer sans parler de ce petit enfant courageux qui a tenu de toutes ses forces, en imaginant la terreur qui a été la sienne et en souhaitant du fond du coeur qu'il s'en remette vite et que l'on prenne soin de lui pour qu'il oublie ces instants cauchemardesques.



(* citation de Henri-Frédéric Amiel)

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