éditions XO, octobre 2016, 320 pages. (sp)
Résumé de l'éditeur
De l'histoire de Cornélius Nyungura, dit Corneille, j'avoue ne pas en savoir davantage que ce que nous savons tous, à savoir que sa famille entière a été décimée par une nuit d'avril 1994, au Rwanda, dans ce qui allait être un des plus grands génocides du XX èm siècle. En effet, on estime à pas moins de un million, le nombre de personnes massacrées au Rwanda en l'espace de trois mois, dans un but précis qui était d'exterminer tous les "tutsis" du pays. Je ne vais pas revenir sur les causes politiques de ce génocide, Corneille ne s'y attarde d'ailleurs pas dans son récit. Ce qu'il faut savoir c'est que deux ethnies qui vivaient dans une relative quiétude ont basculé du jour au lendemain dans l'indicible.
Dans son récit et dans un but résolument cathartique mais aussi pour la mémoire, Corneille replonge dans cette tragique nuit du 15 avril 1994, lorsque deux assaillants pénètrent dans le domicile familial et exécutent ses parents, ses deux frères et sa petite soeur de trois ans. Corneille a eu le réflexe de se cacher derrière le canapé; il est le seul survivant, il a 17 ans.
Ne trouvant plus l'espace necéssaire pour s'exprimer en chanson et éprouvant le besoin d'en dire plus que dans ce "format restrictif", Corneille passe à l'écriture d'un récit dont on éprouve chaque souffrance, chaque douleur, chaque doute et on évolue en même temps que lui sur le temps long et sur le chemin d'une maturité acquise peut-être trop tôt et dans des conditions épouvantables. Nous suivons son parcours quelques années avant le génocide; Corneille a grandi en Allemagne jusqu'à l'âge de six ans, et lorsque ses parents retournent au Rwanda, c'est un pays dont il ne parle pas la langue que découvre l'enfant. Issu d'une famille dont les parents occupent des fonctions importantes, Corneille est élevé dans un environnement aisé et dans un foyer chaleureux. Il évoquera aussi dans ce récit les abus sexuels dont il a été victime par une tante dès l'âge de six ans et demi et qui laisseront des séquelles indélébiles, profondes au point d'affecter sa vie intime à l'âge adulte.
Baignant dans un environnement favorable au développement d'une sensibilité artistique, à travers les goûts musicaux de son père, il forgera sa propre culture musicale et lorsque un jour son père l'entend chanter, ce dernier lui fera la valorisante remarque suivante "tu as du Tracy Chapman dans ton grain de voix..." , dès cet instant, le jeune homme a su qu'il trouverait un soutien auprès de son père et de sa famille dans la réalisation de ses ambitions et il acquiert ainsi la confiance dont tout être humain a besoin pour se sentir exister et pour aller au bout de ses rêves.
Après le massacre de sa famille, s'ensuit un périple pour rejoindre le Zaïre voisin (aujourd'hui République démocratique du Congo) et ensuite l'Allemagne où vont l'accueillir "Jean-Pol et Marianne", un couple de très bons amis de Emile, le père de Corneille. Sur le chemin de sa fuite et des cent kilomètres à effectuer à pieds dans l'insécurité la plus totale, il connaîtra la faim, l'épuisement, la maladie (la malaria) et quittera finalement le Rwanda aidé par des anciens camarades devenus membres de la milice hutue.
Ce qui peut frapper et interpeller à la lecture de ce récit c'est une sorte de distance avec les événements, parfois on parvient difficilement à savoir ce que les images atroces du massacre ont comme effet sur le jeune homme; la colère ne s'est manifestement pas emparée de lui et il refoulera ses larmes pour plusieurs années; jusqu'à cette renconre salvatrice avec Sofia, cette femme belle comme un soleil et douce comme la soie, sa terre d'accueil, son pays. C'est avec elle qu'il s'autorisera enfin à aller de l'avant pour réparer son âme, reconstruire son identité, se sentir "homme"et laisser sa colère s'exprimer; pour dire aussi à son père combien il lui en veut de ne pas avoir pu empêcher ce drame alors qu'il en a vu les signes avant-coureurs.
Aujourd'hui grâce à une psychanalyse, à son courage, à l'espoir qui ne l'a jamais quitté, à sa persévérance et grâce à l'amour de son épouse, Corneille semble avoir trouvé l'apaisement, et est comblé par son rôle de papa. Quant à savoir si il remettra un jour les pieds au Rwanda, le récit s'achève sur "j'y retournerai. Un jour".
POUR FINIR /
Quand Corneille a débarqué en France début des années 2000 et qu'il nous a bouleversés avec ses chansons autobiographiques et poignantes, il était difficile de rester indifférent à son vécu.On ne pouvait qu'être fasciné par cette homme qui a vécu l'horreur mais qui paraissait si calme, si stoïque et qui ne se séparait jamais de son sourire.
Quand en 2003, il est invité dans l'émission de Mireille Dumas et qu'elle lui demande comment il s'est sorti de cette expérience extrêmement traumatique, il répond spontanément et sans avoir au préalable fait sa psychanalyse " je m'en suis sorti simplement parce que mes parents m'ont aimé", et lorsqu'il a été demandé au Docteur Boris Cyrulnik de commenter, ce dernier a développé sur cette notion de résilience, dont on a ici un exemple éclatant. Il poursuit son récit en disant que "l'amour de mes parents m'a préservé de ce venin qu'est la haine. L'amour de mes parents. C'est tout ce que je peux avoir de plus que d'autres".
On entre dans ce récit le coeur serré et on en sort revigoré, c'est une leçon de vie que nous donne Corneille et on ne peut ensuite que relativiser les petits tracas de notre quotidien.
Ce récit est porté par une belle plume, très poétique et l'avenir de cet artiste en tant qu'écrivain me semble prometteur. Il en a les qualités.
Résumé de l'éditeur
Pour la première fois, le chanteur Corneille revient sur le génocide rwandais, le miracle de sa survie, son espoir infaillible, ses rêves, l'immense succès qui a été le sien, mais aussi ce long recul, ces dernières années, qui lui a été indispensable pour renouer avec son histoire et ses racines.
De l'histoire de Cornélius Nyungura, dit Corneille, j'avoue ne pas en savoir davantage que ce que nous savons tous, à savoir que sa famille entière a été décimée par une nuit d'avril 1994, au Rwanda, dans ce qui allait être un des plus grands génocides du XX èm siècle. En effet, on estime à pas moins de un million, le nombre de personnes massacrées au Rwanda en l'espace de trois mois, dans un but précis qui était d'exterminer tous les "tutsis" du pays. Je ne vais pas revenir sur les causes politiques de ce génocide, Corneille ne s'y attarde d'ailleurs pas dans son récit. Ce qu'il faut savoir c'est que deux ethnies qui vivaient dans une relative quiétude ont basculé du jour au lendemain dans l'indicible.
Dans son récit et dans un but résolument cathartique mais aussi pour la mémoire, Corneille replonge dans cette tragique nuit du 15 avril 1994, lorsque deux assaillants pénètrent dans le domicile familial et exécutent ses parents, ses deux frères et sa petite soeur de trois ans. Corneille a eu le réflexe de se cacher derrière le canapé; il est le seul survivant, il a 17 ans.
Ne trouvant plus l'espace necéssaire pour s'exprimer en chanson et éprouvant le besoin d'en dire plus que dans ce "format restrictif", Corneille passe à l'écriture d'un récit dont on éprouve chaque souffrance, chaque douleur, chaque doute et on évolue en même temps que lui sur le temps long et sur le chemin d'une maturité acquise peut-être trop tôt et dans des conditions épouvantables. Nous suivons son parcours quelques années avant le génocide; Corneille a grandi en Allemagne jusqu'à l'âge de six ans, et lorsque ses parents retournent au Rwanda, c'est un pays dont il ne parle pas la langue que découvre l'enfant. Issu d'une famille dont les parents occupent des fonctions importantes, Corneille est élevé dans un environnement aisé et dans un foyer chaleureux. Il évoquera aussi dans ce récit les abus sexuels dont il a été victime par une tante dès l'âge de six ans et demi et qui laisseront des séquelles indélébiles, profondes au point d'affecter sa vie intime à l'âge adulte.
Baignant dans un environnement favorable au développement d'une sensibilité artistique, à travers les goûts musicaux de son père, il forgera sa propre culture musicale et lorsque un jour son père l'entend chanter, ce dernier lui fera la valorisante remarque suivante "tu as du Tracy Chapman dans ton grain de voix..." , dès cet instant, le jeune homme a su qu'il trouverait un soutien auprès de son père et de sa famille dans la réalisation de ses ambitions et il acquiert ainsi la confiance dont tout être humain a besoin pour se sentir exister et pour aller au bout de ses rêves.
Après le massacre de sa famille, s'ensuit un périple pour rejoindre le Zaïre voisin (aujourd'hui République démocratique du Congo) et ensuite l'Allemagne où vont l'accueillir "Jean-Pol et Marianne", un couple de très bons amis de Emile, le père de Corneille. Sur le chemin de sa fuite et des cent kilomètres à effectuer à pieds dans l'insécurité la plus totale, il connaîtra la faim, l'épuisement, la maladie (la malaria) et quittera finalement le Rwanda aidé par des anciens camarades devenus membres de la milice hutue.
Ce qui peut frapper et interpeller à la lecture de ce récit c'est une sorte de distance avec les événements, parfois on parvient difficilement à savoir ce que les images atroces du massacre ont comme effet sur le jeune homme; la colère ne s'est manifestement pas emparée de lui et il refoulera ses larmes pour plusieurs années; jusqu'à cette renconre salvatrice avec Sofia, cette femme belle comme un soleil et douce comme la soie, sa terre d'accueil, son pays. C'est avec elle qu'il s'autorisera enfin à aller de l'avant pour réparer son âme, reconstruire son identité, se sentir "homme"et laisser sa colère s'exprimer; pour dire aussi à son père combien il lui en veut de ne pas avoir pu empêcher ce drame alors qu'il en a vu les signes avant-coureurs.
Aujourd'hui grâce à une psychanalyse, à son courage, à l'espoir qui ne l'a jamais quitté, à sa persévérance et grâce à l'amour de son épouse, Corneille semble avoir trouvé l'apaisement, et est comblé par son rôle de papa. Quant à savoir si il remettra un jour les pieds au Rwanda, le récit s'achève sur "j'y retournerai. Un jour".
POUR FINIR /
Quand Corneille a débarqué en France début des années 2000 et qu'il nous a bouleversés avec ses chansons autobiographiques et poignantes, il était difficile de rester indifférent à son vécu.On ne pouvait qu'être fasciné par cette homme qui a vécu l'horreur mais qui paraissait si calme, si stoïque et qui ne se séparait jamais de son sourire.
Quand en 2003, il est invité dans l'émission de Mireille Dumas et qu'elle lui demande comment il s'est sorti de cette expérience extrêmement traumatique, il répond spontanément et sans avoir au préalable fait sa psychanalyse " je m'en suis sorti simplement parce que mes parents m'ont aimé", et lorsqu'il a été demandé au Docteur Boris Cyrulnik de commenter, ce dernier a développé sur cette notion de résilience, dont on a ici un exemple éclatant. Il poursuit son récit en disant que "l'amour de mes parents m'a préservé de ce venin qu'est la haine. L'amour de mes parents. C'est tout ce que je peux avoir de plus que d'autres".
On entre dans ce récit le coeur serré et on en sort revigoré, c'est une leçon de vie que nous donne Corneille et on ne peut ensuite que relativiser les petits tracas de notre quotidien.
Ce récit est porté par une belle plume, très poétique et l'avenir de cet artiste en tant qu'écrivain me semble prometteur. Il en a les qualités.
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