Police, Hugo Boris, éditions Grasset, rentrée littéraire 2016, 185 pages. (sp*)
Résumé l'éditeur
Ils sont gardiens de la paix. Des flics en tenue, ceux que l'on croise tous les jours et dont on ne parle jamais, hommes et femmes invisibles sous l'uniforme. Un soir d'été caniculaire, Virginie, Erik et Aristide font équipe pour une mission inhabituelle : reconduire un étranger à la frontière. Mais Virginie en pleine tempête personnelle, comprend que ce retour au pays est synonyme de mort. Au côté de leur passager tétanisé, toutes les certitudes explosent. Jusqu'à la confrontation finale, sur les pistes de Roissy-Charles-de-Gaulle, où ces quatre vies s'apprêtent à basculer.Aborder dans un roman une question liée à la thématique de la migration peut être périlleux et facilement verser dans de nombreux clichés, or ce que nous propose Hugo Boris dans son cinquième roman c'est d'attirer notre attention sur les missions de policiers dans leur quotidien, en brigade de jour ou de nuit. Ceux qui gèrent des situations de crise quotidiennement, l'auteur les a suivis dans son travail d'observation préalable au travail d'écriture.
Virginie, Erik et Aristide sont appelés sur une mission atypique, qui sort de leur ordinaire, à savoir l'escorte d'un migrant jusqu'à l'aéroport pour le renvoyer dans son pays. Cet homme est Tadjik et militant des droits de l'homme au Tadjikistan; ce retour signifie vraisemblablement pour lui son arrêt de mort. Virginie est à fleur de peau et s'émeut face à la situation de cet homme qui a fui son pays. Enceinte de son collègue Aristide (avec qui elle a trompé son mari) et peu heureuse au sein de son propre couple, elle ne parvient pas à cerner ses sentiments pour son amant et prévoit de se faire avorter dès le lendemain. Aristide est un bel étalon, toujours de bonne humeur, blagueur, lourd parfois mais terriblement attachant. Le troisième équipier c'est Erik, leur aîné et le plus expérimenté; blasé et fatigué par ce métier, sa mission est d'emmener le retenu d'un point A à un point B et il obéit à sa hiérarchie sans se laisser envahir par des états d'âmes qui rendraient la pratique de son métier impossible.
Sur la route qui mène les trois policiers et leur retenu à l'aéroport de Roissy, dans un huis clos nerveux et immersif, le dilemme auquel sont confrontés ces hommes et femme de l'ordre, bousculera leurs certitudes et la rigueur morale sans faille de l'uniforme cèdera la place à l'humanisme qui met l'intérêt de l'homme au coeur de leur préoccupation. Virginie ne peut se résoudre à laisser ce réfugié tadjik retourner vers une mort certaine et prend l'initiative d'un revirement de situation. Artistide et Erik suivront-ils Virginie et iront-ils jusqu' au bout de l'idée qui germe dans l'esprit de la jeune femme ?
Avec un rythme soutenu, une tension qui monte, une écriture efficace et un pouvoir d'évocation qui place le lecteur au coeur de l'action, Hugo Boris, sans être moralisateur nous plonge au coeur d'une situation qui questionne sur le sens du devoir et les limites de l'expression des convictions qui animent ceux qui portent l'uniforme. Pour peu que l'on soit observateur et conscient des missions diverses et variées qui incombent à la police, on saisit tout le réalisme de ce roman très remarqué de la rentrée littéraire, qui se lit d'une traite.
*je remercie les éditions Grasset de m'avoir envoyé ce livre.
Ah je suis ravie de voir que tu as appréciée toi aussi cette lecture :) ce fut pour moi une très belle découverte de cette rentree littéraire. Hugo Boris réussi parfaitement ce huis clos sous tension ou le lecteur devient observateur de cette journée particulière.
RépondreSupprimerTon article résume parfaitement l'état d'esprit de ce livre, qui m'a touchée et qui a été une belle découverte !
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