Accéder au contenu principal

La maison des enfants, Charles LAMBERT...fable, conte gothique, fantasy...



éditions Anne Carrière, publié le 3 novembre 2016, 233 pages.(sp*)

Morgan Fletcher, riche héritier d'une famille qui a fait fortune dans des affaires mystérieuses, vit reclus dans son manoir délabré. Sévèrement défiguré par accident (qui n'en est pas vraiment un), il ne supporte pas son apparence au point d'avoir retirer tous les miroirs se trouvant dans sa demeure et de ne plus se confronter au monde extérieur.

La mystérieuse soeur de Morgan, qui ne l'a plu revu depuis son séjour à l'hôpital (suite à ce qu'on appellera un accident), lui envoie Engel (traduction de ange en allemand ou référence marxiste?), une domestique qui prendra soin de lui. Celle-ci est une cuisinière hors-pair, a un fort caractère et suite à sa venue auprès de Morgan, des enfants commencent à arriver dans le manoir. Les premiers à apparaître sont Moïra et David; ce dernier malgré son très jeune âge est doté d'une grande intelligence, d'une soif de savoir et d'un tempérament de leader. Il semblerait que ces enfants qui arrivent par dizaine chez Morgan aient une mission à accomplir, mais laquelle? le mystère planera tout au long de la narration. Lorsqu'un des enfants tombe malade, Morgan fait venir le docteur Crane, avec qui il se liera d'amitié et avec qui il passera une grande partie de son temps.

Sur ces enfants nous ne saurons pas grand chose, ni d'où ils viennent, ni qui ils sont. Morgan les accueillent et les hébergent tout en prenant soin d'eux. Ces enfants ne semblent d'ailleurs pas voir la difformité du visage de leur hôte. En dépit des circonstances étranges dans lesquelles les enfants prennent place dans la vie de Morgan, nous parviendrons à relever des indices afin de tenter de tisser la toile de cet énigmatique conte de fée aux tonalités gothiques et surréalistes. Comment saisir la signification des phénomènes étranges et les lier entre eux pour donner du sens et une moralité à cette fable?

Ce roman nous donne le sentiment d'être perdu dans une faille temporelle et beaucoup d'éléments font penser à "Miss Peregrine et les enfants particuliers", à l'univers de Roald Dahl, ou encore on peut y voir une parabole orwellienne.
Pourquoi Morgan a-t-il été défiguré? Les enfants l'aiment malgré tout pour ce qu'il est en faisant abstraction de son apparence. Comment les enfants disparaissent-ils lorsque débarquent au manoir des agents du ministère des affaires sociales accusant Morgan d'héberger des enfants perdus? Pourquoi, Rebecca, la soeur du riche héritier, ne lui a jamais rendu visite? Quelle est l'origine de la fortune des Fletcher? Quelle est la nature de cette "maison des enfants"? Et surtout quelle est la mission que les enfants doivent accomplir? On suppose que derrière toutes ces énigmes se cachent des événements liés à la seconde guerre mondiale, à un monde consumé par la haine et la convoitise. L'auteur arrive avec prouesse à nous intégrer au point de vue de Morgan, qui reste dans l'incompréhension de ce qui lui arrive.

C'est avec une légère et quasi minime frustration que je referme ce livre, puisque malgré les indices auxquels j'ai été attentive, le mystère reste intact et je n'ai pas eu les précisions et clarifications attendus. Peut-être est-ce la nature même de ce genre littéraire que de nous laisser avec de nombreuses questions irrésolues ou est-ce mon imagination qui n'est pas assez débridée pour faire jaillir les messages de l'auteur derrière la métaphore? je penche plutôt pour la seconde hypothèse.

Quoi qu'il en soit l'effet est là et on continue de réfléchir après avoir fini la lecture. Je vous invite donc à lire ce roman et à revenir vers moi pour me livrer vos interprétations/impressions.
Ce roman me semble avoir un fort potentiel pour être adapté au cinéma, et d'ailleurs comme le mentionne la quatrième de couverture, l'atmosphère qui se dégage de cette histoire "n'est pas sans rappeler le film Les autres" de A. Amenabar, qui est un de mes films préférés.

*Je remercie les éditions Anne Carrière pour ce service presse.






Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Un lieu à soi, Virginia Woolf...un texte lumineux et inspirant

Une chambre à soi, Virginia WOOLF, éditions 10-18.(je vous conseille de privilégier la nouvelle traduction de Marie DARRIEUSSECQ avec le titre "un lieu à soi" aux éditions DENOEL) "Pourquoi un sexe est-il si prospère et l'autre si pauvre? Quel est l'effet de la pauvreté sur le roman?" A travers ces deux questions, Virginia Woolf pose la problématique de cet essai pamphlétaire publié en 1929. Qu'est-ce qui peut permettre à une femme de devenir un grand écrivain? Qu'est-ce qui peut permettre à sa créativité de se déployer? Sa thèse est qu'il faut disposer d'une pièce à soi et de suffisamment d'argent; "de la liberté et de la paix", or à l'époque du début du 20ème siècle, ce n'est pas chose aisée pour les femmes. Née en 1882 à Londres, Virginia Woolf n'est pas allée à l'université et ce sera un des grands regrets de sa vie; en revanche, son père Sir Leslie Stephen mettra à disposition de sa fi...

L'Orangeraie, Larry TREMBLAY

éditions de la table ronde, 2015, 152 pages. Résumé de l'éditeur Les jumeaux Amed et Aziz auraient pu vivre paisiblement à l'ombre des orangers. Mais un obus traverse le ciel, tuant leurs grands-parents. La guerre s'empare de leur enfance. Un des chefs de la religion vient demander à leur père de sacrifier un de ses fils pour le bien de la communauté. Comment faire ce choix impossible? J'ai eu la chance de découvrir ce magnifique livre sur la chaîne de "My pretty books" et quelle lecture envoûtante et révoltante! Larry Tremblay dans une écriture toute en douceur, et dans un style presque poétique nous montre tout le mal et l'absurdité qui émanent d'une guerre et ébranlent des vies. Les mots clés de ce roman sont "guerre", "religion", "enfance", "innocence", "martyr", "paradis", "sacrifice"...Pourquoi et comment la guerre vole l'innocence des enfants? C'est avec be...

Petit pays, Gaël FAYE...un hymne à l'innocence perdue ♡

éditions Grasset, rentrée littéraire 2016, 215 pages. Résumé Avant, Gabriel faisait les quatre cents coups avec ses copains dans leur coin de paradis. Et puis l'harmonie familiale s'est disloquée en même temps que son "petit pays", le Burundi, ce bout d'Afrique centrale brutalement malmené par l'Histoire. Plus tard, Gabriel fait revivre un monde à jamais perdu. Les battements de coeur et les souffles coupés, les pensées profondes et les rires déployés, le parfum de citronnelle, les termites les jours d'orage, les jacarandas en fleur...L'enfance, son infinie douceur, ses douleurs qui ne nous quittent jamais.                Gaël Faye nous offre un magnifique roman sur l'enfance. Il montre comment la violence finit par s'insinuer dans les âmes les plus innocentes pour les saccager. Cette violence et cette peur qui prendront place petit à petit et qui dissoudront l'insouciance de l'enfance pour laisser place à la méchanceté, la p...