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Les mots entre mes mains, Guinevere GLASFURD


éditions PRELUDES,2016, 435 pages.(sp)*

Résumé de l'éditeur
Helena Jans van de Strom n'est pas une servante comme les autres. Quand elle arrive à Amsterdam pour travailler chez un libraire anglais, la jeune femme, fascinée par les mots, a appris seule à lire et à écrire. Son indépendance et sa soif de connaissance trouveront des échos dans le coeur et l'esprit du philosophe René Descartes. Mais dans ce XVII ème d'ombres et de lumières, leur liaison pourrait les perdre. Descartes est catholiques, Helena est protestante. Il est philosophe, elle est servante. Quel peut être leur avenir?


L'histoire se situe en Hollande dans les années 1630. Helena Jans van der strom est servante chez Monsieur Sergeant, un libraire anglais installé à Amsterdam. L'histoire nous est racontée du point de vue de Helena qui est animée par un besoin viscéral d'apprendre à lire et à écrire. N'étant pas destinée à être instruite, elle s'initiera seule et ne disposant pas du matériel nécessaire pour mettre ses mots sur papier, elle se servira de sa peau comme support, d'où le titre "les mots entre mes mains".

Nous sommes donc au XVII ème siècle, à Amsterdam chez Monsieur Sergeant, libraire, mais également propriétaire d'une demeure où il reçoit régulièrement des pensionnaires. Lorsqu'un mystérieux homme se présente, tout doit être favorable à un des meilleurs accueils; en effet, il s'agit du grand philosophe René Descartes, que l'on appelle "Monsieur" et qui a la réputation d'être plutôt solitaire et irascible. La soif de connaissance de Helena trouvera écho chez Descartes et ils verront naître un sentiment amoureux. Or , Descartes est catholique et Helena protestante, et le rang social de celle-ci ne lui laisse envisager aucune reconnaissance.

Après un long et minutieux travail de recherche, Guinevere Glasfurd s'empare de certains faits historiques et nous propose la reconstitution d'une histoire vraie mais méconnue, qui recouvre plusieurs thèmes: philosophie, histoire, religion, différence de classe sociale, place  des femmes.

Aussi passionnée qu'elle soit, Helena ne pourra jouir d'aucun droit dans ce XVII ème siècle où les femmes sont quantités négligeables; par ailleurs, les philosophes n'étaient pas toujours bien perçus et demeurèrent longtemps incompris La jeune femme qui manifeste un goût prononcé et peu commun pour l'apprentissage de l'écriture, veut comprendre le monde qui l'entoure. Au fil de la narration on découvrira une personne entière mais parfois complexe, avec ses contradictions, son intelligence teintée d'innocence, sa force teintée de vulnérabilité.

Si l'auteur a choisi René Descartes comme inspiration c'est parce que l'histoire qu'elle nous raconte est vraie. Elle ne nous propose pas une romance, mais une histoire d'amour tempétueuse dans laquelle chacun des protagonistes ne trouve pas toujours satisfaction.

Helena est fascinée par l'étendue du savoir de Descartes, mais face à leur différence de classe sociale et de religion, leur idylle doit rester secrète. Helena est un personnage intéressant, elle est consciente de sa position de femme et de servante mais ne recule pas devant l'envie de s'instruire. Ce qui surprend, c'est que Helena sait lire et écrire alors qu'elle n'a pas bénéficié d'une instruction, mais également sa force de caractère qui lui a permis d'occuper une place dans le coeur d'un des plus brillants esprits.
Nous apprendrons que Helena a donné naissance à une petite Francine, et qu'il est attesté qu'elle était la fille de René Descartes. Je vous laisse le soin de découvrir la fin émouvante du roman, dans lequel Guinevere Glasfurd redonne à une femme méconnue sa place dans l'histoire

*je remercie les éditions Préludes de m'avoir fait découvrir ce beau roman.
 

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